Alors que la house et le Uk garage reviennent en force sur le devant de la scène, nous faisant (presque) croire que des artistes comme Disclosure ou Alunageorge sont le futur de la musique, que l’acid s’invite sur les prods mainstreams qui tournent en boucle dans les grands magasins, que le très underground footwork se tape de plus en plus l’incruste à travers les albums d’artistes comme Four Tet, Machinedrum… alors que les membres du courant originel RP Boo, DJ Rashad, Traxman… commencent tout juste à percer, d’autres expérimentent de leur coté, repoussent les limites des genres, les font exploser avec audace sans chercher à coller à une mode en particulier, à l‘image du jeune anglais Walton, abrité depuis ses débuts par l’excellent label Hyperdub.
Connecté aux vibrations musicales de son époque, Walton est une éponge qui ne se contente pas d’aller puiser dans les vieilles recettes qui ont déjà fait leurs preuves. Son truc à lui, c’est de vider le frigo, de tout mélanger et de faire de la cuisine expérimentale qui vous explose les papilles du cerveau.
Auteur de deux précédents Ep’s, Sam Walton nous gratifie d’un plat gastonomique, Beyond, aux saveurs riches et complexes. Peu d’artistes auront réussi, comme lui, la parfaite symbiose de tous les courants (ou presque), qui sévissent sur les terres des musiques électroniques. Là où d’autres nous ont laissé un arrière goût de gâchis, on ne peut s’empêcher de penser au soufflé au fromage de Zomby, Walton lui, mélange par touches successives et avec un talent incroyable, bass music, uk garage, house, grime, dubstep, future soul, pour un opus qui s’inscrit d’ores et déjà comme un classique. Son approche résolument minimal donne pourtant dans l’optimal, tant chaque sonorité, chaque mélodie sonne avec une justesse imparable. La production d’une précision chirurgicale, sait faire le pont entre le présent, le passé et le future, d’où le titre Beyond. A aucun moment Walton ne tombe dans la redite mais donne à écouter un univers singulier brisant les frontières entre les genres avec un enthousiasme communicatif. Les basses rondes et profondes portées par des rythmiques up syncopées, Need To Feel, déploient des tapis de velours sur lesquels viennent se poser des loops vocaux radieux. L’acid fait une apparition déjantée sur le tentaculaire, Help Me Out, habillée de Chicagoan ghetto style. Sur Can’t U See, le 8bit se frotte à des synthés étéhérés donnant naissance à un ambient hors cadre. Le r&b n’est pas en reste, avec You & Me, se voyant juxtaposé à des boucles de machines à laver et caisses enregistreuses avec un sens de l’expérimentation qui déboite les cervicales. Vous l’aurez compris, Walton donne dans la recherche tout azymuts, comme purent le faire à une époque des gens comme Aphex Twin, Ceephax… ou aujourd’hui des artistes comme Forest Swords, Raffertie, Hyetal… faisant de l’éclectisme un laboratoire musical à la cohérence exemplaire. Un opus en forme de pierre angulaire s’inscrivant en haut de la liste des albums de cette année 2013.
Walton Beyond / Sorti le 30 septembre chez Hyperdub (Differ-ant)