Jon Hopkins / Immunity

À une époque où il est important d’avoir composé et produit chaque année avant de remplir sa déclaration d’impôt, voir M. Hopkins prendre quatre ans pour donner vie à un quatrième album, ça semble long. Cela-dit, c’est sans compter sur son OST pour le film Monster, sa participation à l’album de Coldplay avec Eno et sa participation à l’album d’Eno (sans Coldplay). Et puis une fois Immunity écouté, on se dit que composer cet album d’une année bissextile à l’autre, ça semble finalement très court pour une telle œuvre.

 

 

 

À une époque où il est important d’avoir composé et produit chaque année avant de remplir sa déclaration d’impôt, voir M. Hopkins prendre quatre ans pour donner vie à un quatrième album, ça semble long. Cela-dit, c’est sans compter sur son OST pour le film Monster, sa participation à l’album de Coldplay avec Eno et sa participation à l’album d’Eno (sans Coldplay). Et puis une fois Immunity écouté, on se dit que composer cet album d’une année bissextile à l’autre, ça semble finalement très court pour une telle œuvre.  

Jon Hopkins aurait pu être l’auteur d’une thèse questionnant quelque chose du genre « existe t-il une vie après la pointeuse pour l’ambient ?« , certains de ses titres ayant la chaleur et le charme d’un rapport scientifique, sans grand décolleté sous la blouse blanche. Ceci-dit, à défaut de trouver des réponses aux questions posées dans ses albums (la voie du post-ambient en gros), Hopkins à trouver Brian Eno avec qui il travailla sur Small Craft on a Milk Sea et Viva La Vida de Coldplay (ce qui revient à faire bosser des ingénieurs de la NASA sur une prise électrique). Une belle expérience pour Jon qui vécu ça comme Papa l’asseyant sur ses genoux pour se contempler en lui. La phase Eno passée, on retrouve un Hopkins aux carences en reconnaissance comblées, le père est enfin tué, il peut accomplir sa grande œuvre : Immunity.

 

Selon Fred & Jamy, l’immunité, c’est la capacité d’un corps, un organisme à résister face aux maladies (ou autres saloperies, on simplifie) et c’est typiquement ce qu’est ce quatrième album. Avec un tel titre, Jon Hopkins annonce qu’il ne se laisse pas contaminer par le monde extérieur, qu’il évolue en marge et en complète autarcie des sphères et des modes. Isolé du monde extérieur le travail sur la texture d’Hopkins a fermenté et s’est naturellement enrichi. On retrouve toujours Jon, son background dans le classique, son amour pour le Glass côté OST mais il sait aujourd’hui gérer ses accents graves et son absence de gravité dans une narration très forte. L’héritage de son travail pour Monster où il devenait presque un des premiers rôles, caché derrière sa B.O.

Construit en diptyque dont le rythme est brisé par Abandon Window – entracte et respiration de l’album – Immunity est un drame céleste dont un bout de l’album répond à l’autre. Comme Holden, Hopkins aime la techno qui se regarde. Mais chez Jojo il faut se munir d’un télescope puisque c’est un ballet astral qui se joue ici, une escapade céleste où l’on découvre des profondeurs encore méconnues. On l’a compris Immunity a été produit le nez en l’air, d’où l’idée d’Hopkins de gonfler sa techno (parfois très Chemichal Brothers, sinon 2-step) à l’ambient pour la coller en orbite. L’an dernier, la NASA avait envoyé un morceau de Will.I.Am dans l’espace pour communiquer avec une potentielle vie extraterrestre. D’une : ce n’est pas la chanson mais bien son auteur qui aurait dû être envoyé dans l’espace. De deux : avec un tel choix artistique, s’il existe une vie dans l’espace, qu’elle a entendu le morceau et qu’elle souhaite tout de même venir en paix, nous ne souhaitons pas la rencontrer. De trois : Hopkins aurait dû composer ce quatrième album plus tôt, parce que c’est Immunity qui a sa place là haut.