Dirty Beaches / Drifters/Love Is The Devil

Depuis ses débuts en 2005, le montréalais d’origine taïwanaise Alex Zhang Hungtai alias Dirty Beaches, convoque les fantômes du rock déviant à venir semer le trouble dans nos tympans à coups de litanies torturées

Depuis ses débuts en 2005, le montréalais d’origine taïwanaise Alex Zhang Hungtai alias Dirty Beaches, convoque les fantômes du rock déviant à venir semer le trouble dans nos tympans à coups de litanies torturées, où l’on croise les échos d’un Suicide en transe venir se taper la tête contre des murs de réverbérations à la froideur cadavérique. Avec son nouveau (double) album,Drifters/Love Is The Devil, il continue de composer une musique aux ambiances lynchiennes, desquelles s’évaporent des vapeurs d’émotions flippantes. Dirty Beaches comble l’errance de son existence, à coups de synthétiseurs à l’humanité lacérée, cherchant à s’ancrer dans un espace temps où il ne se sentirait pas étranger. Sa musique désossée s’accroche à notre cortex tel un virus aux griffes acérées, cherchant à nous faire flirter avec une certaine forme de radicalité existentielle, qui prend le prétexte de la démarche artistique pour nous balancer en pleine gueule les abimes d’une réalité animée de vie, enchainée aux saveurs d’un trépas programmé. Il se dégage parfois, une connection flagrante avec la musique de The Haxan Cloak, de par la manière d’aborder et de donner formes à certaines textures mélodiques, où extrémisme et conceptualisme flirtent avec la notion de nature morte. Dirty Beaches force l’existence à célébrer sa beauté sous des atours monstrueux enrobés de poésie chaotique. Drifters/Love Is The Devil nous emporte avec lui malgré ses relents expérimentaux, touchant juste à travers ses compositions à fleur de peau, soulevant sous des habits de mélancolie, la question de distinguer les véritables enjeux du beau et du laid, de la vie et de la mort, de l’appartenance et de l’itinérance, du moment présent et de l’oubli. Vital.

Roland Torres