Broken Windows

La première fois où j’ai rencontré Karla, c’était lors d’une production sur 21th Street dans le Queens.

La première fois où j’ai rencontré Karla, c’était lors d’une production sur 21th Street dans le Queens. J’avais été très surpris de voir cette femme, tenant son pitbull d’une main, appareil photo autour du cou et black-book dans le sac à dos, arpenter d’un air insouciant le ghetto. Rapidement, nous échangeâmes quelques mots et je compris qu’elle travaillait avec son mari (James T. Murray) sur un livre de graffiti touchant la scène new-yorkaise et qui devait sortir courant 2001. Aux dires de Karla, ‘Burning New York’ (nom initial du livre, qui changea plus tard, suite aux événements du 11 septembre) semblait très prometteur et c’est seulement après une longue année d’attente, que celui-ci est venu arborer discrètement les rayons de nos librairies favorites, sous le nom de ‘Broken Windows’. Attention ! Si tu es un ‘trainist addict’ ou un ‘bomber’, passe tout de suite ton chemin : cette ouvrage n’est pas pour toi !
Pour les autres, vous allez vous régaler ! En effet, ‘Broken Windows’, nom donné par le maire de New York à la politique de répression visant à déstabiliser la délinquance, regroupe et documente sur 180 pages, avec plus de 300 illustrations, un florilège des plus beaux murs des quartiers de la Big Apple, le tout mis en page de façon cohérente dans cinq chapitres complémentaires, clairs et aérés.

Tous les crews New-yorkais sont présents : des plus connus, comme les TNB, les FX, les TFP, les TPA, les TDS ou les TAT ‘s, à d’autres moins connus, comme les UW, les MW ou les Dotcom, ce qui confère à ce livre une grande objectivité appréciable : personne n’est laissé de côté et c’est quand même un gage de qualité ! Toutes les grosses pointures comme TKID170, CES, PEEK, EZO, SONIC, INK ou KING BEE sont interviewées et elles nous dévoilent tour à tour leurs histoires ou leurs petites techniques de peinture, du trait fin au mixage de couleur. Chaque writer s’expriment plus ou moins longuement sous forme de citations et rapidement on se prend à croire à un petit dialogue avec eux, ce qui rend la lecture de l’ouvrage d’autant plus agréable. De plus, la présence de quelques artistes européens comme LOOMIT ou les jumeaux HOW et NOSM pour ne citer qu’eux, mais aussi la mise en avant de la gente féminine avec DIVA ou BLUE (et pas seulement LADY PINK !) ne font que compléter la richesse du livre.

En ce qui concerne les photos, on retrouve à peu près toutes les productions de ces deux à trois dernières années, certaines déjà beaucoup publiées, mais ici dans un meilleur format, et d’autres, vraisemblablement cachées au fin fond de Brooklyn et par conséquent beaucoup moins accessibles au grand public. A noter aussi la présence de cinq jolis ‘fold-out’ (littéralement pages dépliantes), souvent pour les TAT’S ou les FX, mettant en valeurs les détails de diverses fresques.

L’ouvrage se termine par un clin d’oil sur le point de vue des autorités américaines, avec entre autre un témoignage du maire de NYC et une interview du célèbre Steve Mona, les deux nous poussant plus à sourire qu’à méditer quand on vient de parcourir ce superbe bouquin !

En conclusion, Broken Windows est un très beau livre complet sur le graffiti new yorkais que vous vous devez d’avoir, si ce n’est déjà fait !

180 pages – 320 Illustrations couleur
Prix moyen : 40 euros
ISBN: 1-58423-078-9